Jolie petite histoire

Par Alexandre Sarranle 14 avril 2024

Parfois, dans la Bible, il y a des passages qui peuvent nous sembler extrêmement choquants. Le passage qu’on va lire et étudier aujourd’hui fait partie de ces passages-là, et c’est peut-être même le « pire » passage de toute la Bible. En tout cas, moi, je pense que jusqu’ici, dans ce rôle qui est le mien et qui consiste à enseigner la Bible – eh bien, je crois que je n’ai jamais été autant peiné, perturbé, affecté émotionnellement qu’en méditant sur le texte qu’on va regarder aujourd’hui.

Alors je ne dis pas ça pour vous faire peur, mais peut-être pour vous avertir, quand même. En fonction de votre parcours dans la vie, en fonction des blessures et des traumatismes que vous avez peut-être subis à certains moments de votre histoire, et en fonction des fardeaux et des cicatrices que vous portez encore aujourd’hui, sur le plan physique, émotionnel ou spirituel, eh bien l’histoire qu’on va lire dans un instant pourrait rouvrir des plaies et réveiller des douleurs, et si c’est le cas, je ne voudrais pas que ça vous surprenne, ou que ça vous effraie, comme s’il vous arrivait quelque chose de bizarre.

On est des êtres sensibles. Et c’est normal d’être particulièrement sensible à certains sujets quand ces sujets nous touchent de près. Mais vous allez voir que l’histoire qu’on va lire ce matin est si horrible, que tout le monde, en fait, devrait être profondément bouleversé par ce qui se passe dans ce récit.

C’est dur pour moi de penser qu’on puisse souffrir à l’écoute – ou à la lecture – des saintes Écritures, mais parfois, c’est exactement l’effet que les saintes Écritures doivent avoir sur nous. Il y a des passages de la Bible qui sont précisément destinés à nous fendre le cœur.

Mais avant de lire ce passage, j’aimerais qu’on se pose une question. Est-ce qu’on a l’impression que les gens à l’intérieur de la communauté des chrétiens sont moins mauvais qu’à l’extérieur ? Est-ce qu’on a l’impression, globalement, que les gens à l’intérieur de l’Église sont des « bonnes » personnes, tandis que les gens de l’extérieur, les gens du monde, sont plutôt des « mauvaises » personnes, ou du moins, pas aussi « bonnes » ?

Je pose la question, parce que parfois, il nous arrive à nous, les personnes à l’intérieur de la communauté des chrétiens, de trouver qu’on est quand même plutôt pas mal ! On n’est pas comme ces délinquants dehors, on n’est pas comme ces personnes complètement dévergondées, ou comme ces racailles, ou comme ces toxicomanes, ou comme ces islamistes, ou comme ces skinheads, ou comme ces politiciens menteurs ou ces grands patrons corrompus. On n’est pas comme eux, nous, parce qu’on a un sens moral, une ligne de conduite, une discipline – nous, on connaît la vérité et on sait comment mener une bonne vie !

Et il peut se développer en nous, individuellement, mais aussi collectivement, un sentiment de supériorité, un genre de suffisance qu’on pourrait appeler de l’arrogance spirituelle, où on s’auto-félicite, en fait, de la propreté apparente de notre vie (comparée à celle des autres), et où les échecs, les erreurs, les chutes, deviennent tabous, et où petit à petit, à force d’employer des artifices pour minimiser – voire dissimuler – le côté obscur de notre vie chrétienne, eh bien on commence à devenir insensible, voire même aveugle, à ce qu’il y a réellement dans notre cœur, et au mal dont on est réellement capable, et peut-être même, en bout de ligne, au mal dont on est réellement coupable.

Parallèlement à ça, il y a des gens qui peuvent arriver dans la communauté des chrétiens (et c’est peut-être votre cas aujourd’hui ; peut-être que vous êtes là pour la première fois, ou que vous commencez juste à connaître des chrétiens et à prendre part à la vie de l’Église) – il y a des gens, donc, qui peuvent arriver dans la communauté des chrétiens, et qui peuvent avoir l’impression que le chrétien normal, c’est quelqu’un de supérieur !

Il y a des gens qui arrivent en ayant eu un parcours difficile, qui sont peut-être encore en train de traverser des choses très compliquées, ou qui ont beaucoup, beaucoup de peine à surmonter certains obstacles, certaines épreuves, certaines tentations ; et en fait, ils peuvent avoir l’impression qu’ils ne sont pas du tout à leur place dans la communauté des chrétiens. Parce que les gens autour d’eux, on dirait bien que c’est tous des gens super réglos, des gens toujours joyeux, des gens moralement étincelants – des gens dont le pire péché depuis un mois, semble-t-il, a été de prêter ses codes Netflix à un copain !

Et donc si le texte qu’on va lire dans un instant nous prend aux tripes et nous horrifie, c’est justement parce que ce passage veut éveiller – ou veiller – notre sensibilité par rapport à des choses hideuses qu’il y a en nous, et qu’on s’efforce d’ignorer, de minimiser ou de dissimuler. Un peu comme autrefois, on faisait respirer du carbonate d’ammonium aux personnes qui s’évanouissaient, pour agresser exprès leur sens de l’odorat et stimuler une réaction, eh bien de la même façon, ce passage est là pour nous secouer exprès émotionnellement, et pour stimuler en nous une réaction qui nous réveille et qui nous conduise en fin de compte à une vie plus authentique et plus conforme à ce que Dieu attend de nous.

Toute la leçon qu’on retiendra de ce texte, finalement, c’est la suivante : chrétiens et non-chrétiens ici-bas ont tous un cœur tortueux qui a désespérément besoin d’être gouverné par Jésus-Christ.

On va lire le texte, et pour bien comprendre ce qui se passe, j’aimerais simplement préciser qu’il y a dans ce passage trois mauvais exemples, un bon exemple relatif, et une victime. Les trois mauvais exemples sont le Lévite, le beau-père du Lévite, et les habitants de Guibea. Le bon exemple relatif, c’est le vieillard originaire des monts d’Éphraïm. La victime, c’est la concubine du Lévite, originaire de Bethléem.

1/ Ça commence mal (v. 1-3)

Chrétiens et non-chrétiens ici-bas ont tous un cœur tortueux qui a désespérément besoin d’être gouverné par Jésus-Christ. C’est à cette humilité-là, et à cette lucidité-là, que ce passage veut nous conduire. Dieu veut détruire en nous tout sentiment de suffisance, pour qu’on se tourne vers lui en confessant réellement notre besoin total de lui. Et Dieu veut rassurer peut-être ceux d’entre nous qui ont déjà honte d’eux-mêmes, pour qu’on sache que dans la communauté des chrétiens, en fait, on est en bonne compagnie. On est en compagnie d’autres mendiants de la grâce, dont le seul espoir est en Dieu.

Alors regardons le texte. Mon plan n’est pas très compliqué : ça commence mal, le malaise grandit, on bascule dans l’horreur, et on touche le fond. Premièrement : ça commence mal.

Alors l’histoire se passe pendant cette période particulière de l’histoire d’Israël, où les Israélites ont commencé à prendre possession de la terre promise, conformément au projet de Dieu. Ils ont été délivrés de l’esclavage en Égypte, ils ont erré pendant 40 ans dans le désert, et enfin ils commencent à déposséder les habitants du territoire de Canaan, parce que ces peuples avaient des pratiques abominables et cruelles, et donc les Israélites s’installent progressivement dans ce territoire, mais ils cohabitent pour l’instant avec d’autres peuples qui ne croient pas du tout en l’Éternel. Et le livre des Juges nous raconte notamment certaines des complications que ça a entraîné.

Notre histoire se passe donc dans ce contexte, et les trois premiers versets de notre passage (v. 1-3) sont très importants pour savoir comment interpréter l’ensemble de l’épisode. En fait, la toute première phrase est particulièrement importante :

« En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. »

Autrement dit, puisqu’il n’y avait « point de roi en Israël », on doit s’attendre à ce qu’il y ait une forme d’anarchie en Israël. Il va se passer des choses qui ne sont pas normales, qui ne sont pas correctes, parce que « chacun faisait ce qui lui semblait bon », comme il est expliqué dans d’autres passages du livre des Juges (cf. Jg 17.6).

Et donc la première chose qui est dite juste après, dans le texte, on doit nécessairement le comprendre à la lumière de ce contexte. Qu’est-ce qui se passe, par exemple, qui n’est pas normal ou correct ? Eh bien un Lévite prend une femme de Bethléem comme concubine (v. 1). Sous-entendu, donc : ce n’est pas normal. Ce n’est pas bien.

Une concubine, ça veut dire ce que ça veut dire. Ce n’est pas une épouse, mais c’est une servante qui, en plus de ses devoirs domestiques, va aussi avoir des relations conjugales avec l’homme de la maison. C’était assez courant dans l’Antiquité, mais ce n’était pas conforme à la loi de Moïse qui disait que « l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Gn 2.24).

Or, le Lévite, c’est censé être un spécialiste du culte de l’Éternel. Il appartenait à une tribu, celle de Lévi, qui était tout entière consacrée au service de Dieu. Et donc il y a quelque chose qui cloche, ici. Un Lévite qui prend une concubine, ce n’est pas normal. Dès le début de cette histoire, donc, ce monsieur lévite n’est pas présenté comme un bon exemple.

Et sa concubine, alors ? Eh bien je crois qu’on est censé avoir de la compassion pour elle. Le texte dit qu’elle est infidèle au gars qui l’a prise pour concubine, mais c’est un peu ironique en fait. De notre point de vue moderne, disons que ce Lévite, il n’a pas respecté cette femme, il se l’est appropriée comme un objet de consommation, comme une fournisseuse de services domestiques et sexuels – eh bien il ne devrait pas s’étonner qu’elle se comporte comme ça, puisque c’est lui, finalement, qui le premier, a piétiné la dignité de cette femme.

Et ce qui se passe est vraiment pathétique au sens premier du terme, c’est-à-dire touchant et triste, puisque le texte nous dit que cette femme va retourner chez son père (v. 2). Ça veut dire qu’elle était vraiment dans la détresse, vraiment précaire et abandonnée – elle a cherché la sécurité mais ce n’était pas auprès de son pseudo-mari. Et elle est restée quatre mois là-bas avant que son pseudo-mari ne vienne la voir avec l’intention de la ramener chez lui. Quatre mois ? Ça révèle quelque chose sur le Lévite qui n’était pas pressé de la récupérer, jusqu’à ce qu’il se dise que finalement, il avait bien besoin de ses services !

C’est tellement méprisant pour cette femme, n’est-ce pas ? Et je pense que d’emblée, dans l’histoire, on est censé avoir de la peine pour elle. Ce n’est pas pour justifier ou excuser son infidélité à elle (c’est-à-dire qu’elle a vraiment eu une liaison avec quelqu’un d’autre), mais c’est pour qu’on se dise qu’on a là une femme dont la vie, si précieuse, est déjà tellement gâchée, et pourquoi ? Parce qu’en ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Parce que chacun faisait ce qui lui semblait bon.

On est censé avoir de la peine pour cette femme, comme pour Cendrillon dans la chanson du groupe de rock français Téléphone (1982).

« Cendrillon, pour ses 20 ans, est la plus jolie des enfants. Son bel amant, le prince charmant, la prend sur son cheval blanc. Elle oublie le temps dans ce palais d’argent ; pour ne pas voir qu’un nouveau jour se lève, elle ferme les yeux, et dans ses rêves, elle part… Jolie petite histoire ! Cendrillon, pour ses 30 ans, est la plus triste des mamans. Le prince charmant a foutu le camp avec la belle au bois dormant. Elle a vu 100 chevaux blancs, loin d’elle emmener ses enfants. Elle commence à boire, à traîner dans les bars ; emmitouflée dans son cafard, maintenant elle fait le trottoir. Elle part… Jolie petite histoire ! »

Elle traîne dans les bars, elle fait le trottoir, mais on a de la peine pour elle. On est triste, on a de la compassion, on aimerait la prendre dans nos bras pour lui dire qu’il y a quelqu’un, dans ce monde, qui ne la méprise pas, et qui voit en elle un être précieux et digne.

Donc on a ces premiers versets, et on est censé comprendre que ça commence mal. Le Lévite n’est pas un bon exemple, et on est triste pour Cendrillon.

Et donc, déjà, on peut tirer une première application de cette histoire, c’est que l’anarchie, ce n’est pas bon pour nous. Même le Lévite, avec son statut religieux et les connaissances qu’il est censé avoir, eh bien il n’est pas suffisant pour faire les bons choix et pour mener sa vie d’une manière juste et bienfaisante pour les autres ; et même lui va errer et se laisser entraîner par les mauvaises dispositions de son cœur.

Et dans un contexte d’anarchie, où chacun fait ce qui lui semble bon, eh bien il y a des victimes, et ce sont généralement les personnes les plus faibles et les plus vulnérables. On a besoin de se rendre compte de ça, nous aussi. On a besoin de se rendre compte qu’on a besoin d’être gouverné par une autorité qui soit parfaitement fiable et juste et sage, parce que les choses qui nous viennent naturellement – les choses qui procèdent naturellement de notre cœur – eh bien ce ne sont pas des bonnes choses ! Même si on est lévite ! Ou membre de l’Église Lyon Gerland !

2/ Le malaise grandit (v. 4-21)

Cette histoire commence mal, parce qu’il n’y avait point de roi en Israël. Mais regardons la suite. Deuxièmement, le malaise grandit.

Je ne vais pas vous refaire l’histoire (v. 4-21), mais en gros, ce qui se passe, c’est que le père de la concubine va insister pour que le Lévite reste chez lui et qu’il mange et boive avec lui pendant plusieurs jours, de telle sorte qu’en fait, ça va retarder le retour du Lévite chez lui avec la concubine, et du coup, à cause de ce retard, ils vont devoir passer la nuit quelque part sur le chemin. Ils décident intentionnellement de ne pas pas passer la nuit à Yebous (qui est l’ancien nom de Jérusalem), parce que à cette époque, la ville était encore occupée par des Cananéens (les Yébousiens). Du coup, ils vont vers une autre ville appelée Guibea, occupée par des Benjaminites (des Israélites de la tribu de Benjamin). Mais en arrivant là-bas, il n’y a personne pour leur manifester de l’hospitalité, sauf un vieillard qui n’est pas de là-bas, mais qui est originaire d’Éphraïm. Et c’est donc lui qui va les accueillir pour la nuit. C’est comme si vous arriviez à Saint Étienne et que les seules personnes sympas que vous y rencontriez, ce soient des Lyonnais.

En tout cas, ce qu’on est surtout censé remarquer dans cette histoire, c’est le contraste très saisissant entre l’hospitalité débordante du père de la concubine, et l’absence totale d’hospitalité des habitants de Guibea. L’hospitalité, c’est quelque chose de bien, normalement, et c’est quelque chose de particulièrement important dans la culture du Proche-Orient ancien. C’est encore le cas, en fait, dans beaucoup de ces pays du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord.

Donc l’auteur nous décrit un truc qui n’est vraiment pas terrible de la part des habitants de Guibea, qui sont des Israélites. Ils sont inhospitaliers, ils n’accueillent pas un des leurs. Et on se dit, si ça se trouve, le Lévite aurait été mieux accueilli à Yebous par les Cananéens !

Mais à l’inverse, le père de la concubine, lui, s’était montré hospitalier, mais comment dire… un peu trop, peut-être ? Je ne sais pas vous, mais moi, en lisant cette histoire, ça m’a mis mal à l’aise de voir ce bonhomme qui « retient » le Lévite déjà pendant trois jours (v. 4), et ensuite qui insiste pour qu’il reste manger à midi le quatrième jour (v. 5), et ensuite qu’il reste aussi le soir du quatrième jour (v. 6), et rebelote le cinquième jour (v. 8) !

On dirait presque un conte de Grimm, non ? Ça me fait penser un peu à Hansel et Gretel, les deux enfants qui se font attirer dans une maison en pain d’épices, par une veille dame qui leur propose de manger un festin chez elle. « Allez, vous resterez bien manger un peu, regardez ce que je vous ai préparé ! » Et en fait, la veille dame est une sorcière et une ogresse qui veut manger les enfants !

Je ne sais pas si vous avez déjà été dans ce type de situation, où vous êtes chez quelqu’un qui vous accueille chez lui, et vous aimeriez bien partir, mais la personne vous dit : « Allez, tu vas bien rester manger avant de partir, hein ? De toute façon, il faudrait que tu t’arrêtes en route, alors autant manger ici ! » Et c’est super compliqué de dire non. Et finalement vous sortez de table à 17h, et la personne vous dit : « Ah ben tiens, il est 17h, c’est l’heure de l’apéro ! Tu peux bien rester manger un petit bout, allez ! En plus, comme ça il y aura moins de monde sur la route quand ut partiras ! »

Et c’est super dur de dire non – enfin moi, en tout cas, j’ai du mal à dire non ! Mais quoi qu’il en soit, le texte nous met mal à l’aise comme ça. Entre Bethléem et Guibea, dans les deux cas on est mal à l’aise. Il y a un sentiment de danger, c’est comme dans un film, on sent que la situation dérape, il y a une ambiance qui s’installe, et tout le monde a l’air hostile, entre le père de la concubine fêtard et chelou, un peu vulgaire, sûrement bien gras et à moitié saoul du matin au soir, et de l’autre côté les habitants de Guibea qui épient les voyageurs à travers une petite fente dans les rideaux de la fenêtre, ces voyageurs étrangers qui arrivent au crépuscule sur la place du village, complètement désertée. L’auteur nous fait sentir cette ambiance délétère en Israël, « en ce temps-là », où « il n’y avait point de roi ».

Mais il y a quand même un bon exemple relatif, à ce stade du récit, c’est le vieillard. C’est intéressant que l’auteur nous précise qu’il était vieux. En fait, la suite du récit nous apprendra que cette histoire se passe à l’époque où le petit-fils d’Aaron (le frère de Moïse) est souverain sacrificateur (Jg 20.28). Ça veut dire qu’on n’est probablement pas très longtemps après la mort de Josué, et donc que ce vieillard, il a probablement connu la génération fidèle des Israélites qui sont entrés en terre promise initialement (cf. Jos 24.31).

L’auteur est donc peut-être en train de nous montrer le gap, l’intervalle, la fracture entre les premiers Israélites qui ont pris possession de la terre promise, et les toutes premières générations qui ont suivi ! On est à l’époque du petit-fils de quelqu’un qui a connu l’esclavage en Égypte – et déjà, le peuple d’Israël est en train de glisser vers l’anarchie et le chaos. La foi n’a pas été transmise avec succès d’une génération à la suivante. Les jeunes n’ont pas suivi la voie de leurs parents ou de leurs grands-parents. La présence d’un clergé, et d’un lieu de culte, et d’objets sacrés, et d’un lignage direct avec Abraham, et d’une histoire formidable de délivrance par l’Éternel, par le moyen de signes et de prodiges, et le témoignage des anciens concernant la manne dans le désert, et l’eau du rocher, et la colonne de feu – tout ça, ça n’a pas suffi pour que la fidélité à l’Éternel perdure en Israël !

Et aujourd’hui, on doit encore se rendre compte de ça. Toutes les conditions externes, matérielles, visibles, sociales ou religieuses – notre lignage, notre héritage, notre éducation, notre accès à la Bible, notre participation à la vie de l’Église – et si on avait un local, et si on avait le meilleur règlement intérieur du monde, tout ça, ça ne suffit pas (et ça ne suffirait pas) à nous préserver, ou à préserver nos enfants, de la déviance, de la chute et du naufrage.

On ne doit pas s’auto-féliciter, on ne doit pas se reposer sur ses lauriers, on doit au contraire se rappeler perpétuellement combien on a besoin – désespérément besoin – d’être gouverné par une volonté autre que celle de notre cœur. Une volonté extérieure à nous, qui soit parfaitement fiable, juste et sage. Mais regardons la suite.

3/ On bascule dans l’horreur (v. 22-25)

Troisièmement, on bascule dans l’horreur. C’est vraiment ce qui se passe dans les versets 22 à 25. Certainement qu’à ce stade de la lecture, tout à l’heure, vous étiez un peu mal – comme moi, j’ai été mal toute la semaine en méditant sur ce texte.

Mais si Dieu a voulu que ce passage figure dans la Bible, c’est parce qu’il veut qu’on le regarde en face. Il ne veut pas qu’on se dérobe à la réalité de ce qui est raconté ici. Cendrillon est livrée à la sauvagerie d’une horde de « vauriens » (v. 22) qui vont la violer en réunion pendant toute la nuit. C’est d’une cruauté innommable et insupportable.

Surtout que le texte souligne des éléments susceptibles de vraiment nous donner des cauchemars. Et je me permets de les préciser, seulement parce que c’est intentionnel dans le texte. Au verset 22 : « ils frappèrent à coups répétés à la porte ». Mais en hébreu, on a une tournure qui laisse plutôt penser que ces gens se jettent frénétiquement contre la porte, comme des zombies qui n’ont aucune faculté cérébrale. Ces gars-là sont des sauvages qui sont contrôlés par leur appétit pervers – ils sont comme possédés !

Et le texte précise que ce qu’ils veulent, ce n’est même pas violer les femmes, mais violer l’homme – le Lévite qui a été accueilli chez ce vieillard. Pardonnez-moi de dire quelques mots là-dessus, mais pour l’auteur, c’est très clair que si des hommes violent une femme, c’est abominable. Mais si des hommes violent un homme, c’est encore plus abominable. Et si des hommes violent un homme qui est un voyageur et qui fait l’objet de l’hospitalité d’une personne locale, alors on franchit encore un palier dans l’abomination. C’est pourquoi le vieillard refuse de livrer le Lévite, et il propose les femmes à la place.

Mais moi, ce qui me tue dans cette histoire, c’est la réaction du Lévite, justement (et on y reviendra dans la dernière partie). Mais ici en tout cas, le texte dit qu’il « saisit sa concubine et la leur amena dehors. Ils la connurent et ils abusèrent d’elle toute la nuit jusqu’au matin » (v. 25). On dirait que le Lévite attrape un morceau de viande et qu’il le jette à une meute de loups – il n’a pas plus d’égard pour cette femme que pour un vulgaire objet de consommation. Il la jette dehors pour se sauver lui-même.

On va reparler du comportement de ce Lévite, mais pour l’instant, il y a quelque chose qu’on doit absolument remarquer, c’est la similitude entre cette histoire, et une autre histoire qui nous est racontée plus tôt dans la Bible, dans le livre de la Genèse. C’est aussi au chapitre 19. C’est l’histoire de Loth, le neveu d’Abraham, qui habitait près d’une ville appelée Sodome. Et un jour, il a accueilli deux voyageurs chez lui, deux hommes, et les habitants de Sodome sont venus, le soir, entourer sa maison et exiger que Loth leur livre les deux voyageurs pour qu’ils puissent abuser d’eux sexuellement (Gn 19).

Et il se passe à peu près la même chose. Loth leur dit : « Non, prenez plutôt mes deux filles ! » Mais les habitants de Sodome ne veulent pas ; et finalement, les deux voyageurs qui sont en réalité des anges vont permettre à Loth et à ses deux filles de s’échapper avant que la ville de Sodome ne soit entièrement détruite par Dieu.

Il y a une grande similitude entre les deux histoires, mais elles ne se terminent pas de la même manière. Ce qui doit surtout nous frapper, c’est que dans la première histoire – celle de Sodome – les pervers qui veulent violer les voyageurs sont des païens, c’est-à-dire des gens qui ne sont pas du tout de la lignée d’Abraham et qui n’ont aucune connaissance de l’Éternel. Dans la seconde histoire – celle de Guibea – les pervers qui veulent violer le voyageur sont des Israélites, des gens de la lignée d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, de la tribu de Benjamin.

Et on est censé être vraiment, profondément secoué par cette réalité, parce que ça veut dire que les Israélites sont capables des mêmes péchés que les païens. « Sodome et Guibea, même combat. » C’est un message extrêmement important pour les Israélites, et extrêmement important pour nous aussi. Ça veut dire que les païens et les Israélites ont le même cœur, qui produit le même genre de mal.

Certes, les Israélites ont été délivrés de l’esclavage en Égypte, et ils ont une relation d’alliance avec l’Éternel, le vrai Dieu ; et ils ont la loi de Moïse et le Tabernacle et les sacrifices et les prêtres et les promesses et la circoncision et les fêtes religieuses… mais ils sont quand même capables d’une telle turpitude.

Mes amis : nous aussi. Nous aussi, selon notre état naturel, on est capable d’une telle turpitude (d’une telle ignominie). Jésus a dit :

« C’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, meurtres, adultères, prostitutions, vols, faux témoignages, blasphèmes. » (Mt 15.19)

Alors est-ce que vous avez un cœur ? Voilà de quoi il est capable.

Vous comprenez ? On peut être païen et vaurien, on peut être Israélite et vaurien, et on peut être chrétien et vaurien. Rien de ce qui est extérieur ne garantit ce qu’il y a à l’intérieur. L’apôtre Paul a même dit à des chrétiens de son époque, au premier siècle :

« On entend parler constamment d’inconduite parmi vous, et d’une inconduite telle qu’elle ne se rencontre pas même chez les païens ; c’est au point que l’un de vous a la femme de son père. Et vous êtes enflés d’orgueil ! » (1 Co 5.1-2)

Alors est-ce que nous aussi, on est enflé d’orgueil en supposant que puisqu’on est baptisé, puisqu’on va à l’Église, puisqu’on a reçu une bonne éducation, puisqu’on vit dans un pays développé et qu’on fréquente de bonnes personnes, eh bien on appartient à une catégorie d’humains un peu supérieure aux autres, quand même, non ? Et si on est enflé d’orgueil et qu’on se surestime comme ça, est-ce qu’on n’est pas en train de devenir insensible à ce qu’il y a vraiment de dégoûtant dans notre cœur ? Est-ce qu’on ne se serait pas, même, déjà habitué à excuser, minimiser ou dissimuler des choses dans notre vie, peut-être de véritables turpitudes, sous prétexte qu’on est des chrétiens ?

4/ On touche le fond (v. 26-30)

On va revenir à tout ça dans la conclusion, mais avant, regardons rapidement les derniers versets. Maintenant, à la fin de ce chapitre, on touche le fond (v. 26-30).

On touche le fond, parce que le Lévite, ce spécialiste du culte de l’Éternel, va complètement nous écœurer. Sa concubine a trouvé les forces de se traîner jusqu’à la porte de la maison, où elle s’effondre aux premières lueurs du matin. Mais le Lévite, il est où ? Il est en train de dormir tranquillement. Il sort de la maison plus tard, et le texte nous dit qu’il sort « pour continuer son chemin » (v. 27). Autrement dit, la femme s’est effondrée, traumatisée, agonisante, sur le pas de la porte, vers 6h du matin, disons. Le Lévite, lui, s’est levé vers 7h, il a pris sa douche et son petit déjeuner, il a fait ses bagages, et il sort de la maison vers 8h30 pour rentrer chez lui. Il ouvre la porte, et là, il voit sa concubine, « les mains sur le seuil ».

« Allez, lève-toi, on y va ! » Mais il « n’y eut point de réponse » (v. 28). C’est un euphémisme, bien sûr, pour dire qu’elle est morte.

« Et dans un sommeil infini, Cendrillon voit finir sa vie. Les lumières dansent dans l’ambulance ; et elle tue sa dernière chance. Tout ça n’a plus d’importance. Elle part… Fin de l’histoire. » Fin de l’histoire pour cette pauvre, pauvre femme, digne et précieuse, et pourtant méprisée, rejetée, violentée, abusée, abandonnée, et qui rend son dernier soupir sur un paillasson, les mains tendues vers la porte derrière laquelle dort paisiblement son « maître » (cf. le mot « mari », v. 26-28).

Si vous trouvez ça horriblement triste… c’est bien ! C’est pour nous toucher que l’auteur nous raconte tout ça. Oui, c’est atroce, ce qui se passe. Oui, ce Lévite est un lâche et un monstre égoïste et insensible. Surtout qu’il ramasse sa concubine et au lieu de lui offrir une sépulture, il va la découper en douze morceaux avec un couteau. On dirait un psychopathe, en fait. Une des choses qui caractérisent la psychopathie, d’ailleurs, c’est l’absence totale d’empathie.

Ce mec est horrible. Mais justement, à la fin de ce chapitre, on est censé être particulièrement choqué que même le gars qui est censé être un homme de foi, un homme pieux, un professionnel de la religion de l’Éternel – même lui, en fait, est un traître.

Et on finit sur cette image du corps de la concubine découpé en douze morceaux – des morceaux qui ont été envoyés un peu partout en Israël. On peut supposer, bien sûr, qu’il y a un symbole dans cet acte – que le Lévite l’ait fait exprès ou non – le symbole, c’est celui des douze tribus d’Israël qui sont éclatées, qui se désagrègent, qui partent en déliquescence. À travers la turpitude des Benjaminites de Guibea, c’est tout Israël qui est incriminé. C’est tout Israël qui est tombé aussi bas que les païens, et qui s’auto-détruit (comme on le verra même plus clairement dans la suite de l’histoire).

La concubine représente Israël dans cette histoire. La concubine représente l’épouse de l’Éternel, c’est-à-dire son peuple bien-aimé, qui est coupable et victime à la fois.

Et bien sûr, ce passage contribue à faire désirer au lecteur une issue à cette situation catastrophique et à cette spirale infernale. Puisqu’on a un cœur capable du pire, et puisqu’on est en train de se tuer nous-mêmes à cause de ce que notre cœur produit – eh bien, d’où viendra la délivrance ?

« Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! » (Rm 7.25)

Plus de mille ans plus tard, un homme va naître à Bethléem, justement, dans la ville d’origine de cette concubine. Il va naître dans une grange, parce que, justement, ce jour-là, les Judéens de Bethléem se montreront aussi inhospitaliers que les Benjaminites de Guibea. Cet homme, c’est l’Éternel lui-même, qui a pris la nature d’un humain pour s’approcher des humains, et pour voler au secours de son Épouse (c’est-à-dire le peuple des croyants).

Jésus s’est présenté à la porte de la maison, comme le Lévite, mais contrairement à lui, il n’a pas saisi l’Épouse pour la livrer à ses ennemis ; il a fait l’inverse. Il a fait ce qu’on aurait aimé voir le Lévite faire, c’est-à-dire accepter d’être abusé et violenté et souillé pour que elle, soit épargnée. Le Lévite a dit : « Prenez ma femme, et laissez-moi tranquille ! » Mais Jésus a dit : « Prenez-moi, et laissez ma femme tranquille ! »

C’est ce qui s’est passé lorsque Jésus a été crucifié. Il a été maltraité, méprisé, humilié, trahi, abandonné, torturé et maudit, pour que tous ceux qui se confient en lui puissent être pardonnés, déclarés justes par Dieu, et réconciliés avec lui pour toujours – que ce soient des Israélites ou des non-Israélites, que ce soient des vauriens ou des professionnels de la religion – il n’y a pas de distinction, dit l’apôtre Paul : d’un côté, tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu, et de l’autre côté, tous peuvent être gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est dans le Christ Jésus (cf. Rm 3.23-24).

Tout à l’heure, on va partager la sainte cène, c’est-à-dire qu’on va rompre le pain et boire de la coupe. C’est un rite institué par Jésus lui-même, qui est censé nous rappeler que son corps – comme le pain – a été brisé en morceaux, pour ainsi dire, comme le corps de la concubine dans notre histoire. Sauf que son corps a été donné par substitution. Il a été donné pour que tous ceux qui placent leur confiance en lui soient sauvés. Le corps de Jésus a été brisé, parce que « le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (És 53.5).

À la fin de la chanson Cendrillon, le groupe Téléphone pose cette question, devant le constat d’un monde empreint d’injustice, de cruauté et de souffrance : « Notre Père qui êtes si vieux, as-tu vraiment fait de ton mieux ? » Mais la réponse à cette question se trouve justement à la croix, où littéralement, Dieu ne pouvait pas payer un plus grand prix pour la délivrance des croyants, pour la consolation de son peuple et pour le rétablissement du monde, puisqu’il s’est donné lui-même.

Alors je veux terminer rapidement, parce que j’ai été très long. La question qu’on s’est posée au début, c’est : est-ce qu’on a l’impression, globalement, que les gens à l’intérieur de l’Église sont des « bonnes » personnes, tandis que les gens de l’extérieur, les gens du monde, sont plutôt des « mauvaises » personnes, ou du moins, pas aussi « bonnes » ? Et comme on l’a vu, toute la leçon de ce passage, finalement, c’est qu’en fait, chrétiens et non-chrétiens ici-bas ont tous un cœur tortueux qui a désespérément besoin d’être gouverné par Jésus-Christ.

On est tous pourris, en fait ! « Quelque chose en toi ne tourne pas rond », et en moi non plus, et c’est pareil pour tout le monde ici. Mais on peut aussi tous se réfugier en Jésus, on peut s’appuyer sur lui, on peut se reposer en lui.

Quelques applications pratiques, et on essaiera d’aller un peu plus loin dans les groupes de maison.

Premièrement, on doit se rappeler que la communauté des chrétiens, ça reste une communauté de gens qui ont un cœur porté naturellement vers le mal – et que ce n’est pas un glaçage rituel ou religieux qui va nous aider, si épais soit-il, ce glaçage ! Sous la surface d’une vie parfaitement étincelante de piété extérieure, se cachent parfois de lugubres secrets et d’obscures inclinations. Je ne dis pas qu’il faut soupçonner le mal partout, mais je dis qu’on doit être réaliste sur soi-même et sur les autres. On est tous pareils, et on doit tous lutter ensemble en comptant sur Jésus – sur sa grâce inépuisable et sur son règne bienveillant qu’il veut déployer en nous par le Saint-Esprit, à l’aides des moyens de grâce qu’il a institués pour notre bien : le culte, la Bible, la prière, la communion fraternelle.

Deuxièmement, les violences sexuelles ça existe dans le monde, et ça existe dans l’Église. Ça existe à Sodome et ça existe à Guibea. L’État français a mis en place des numéros qu’on peut appeler pour signaler des faits de violence sexuelle, notamment le 119 pour des violences sur des enfants, et le 3919 pour les violences sur les femmes. Ce sont des numéros qui sont là pour les victimes ou pour les témoins, et où on peut obtenir des conseils. Le CNEF a aussi mis en place un service d’écoute et de conseil spécifiquement conçu pour les victimes de violence sexuelle dans le cadre de l’Église : stop-abus.fr.

Troisièmement, on doit être conscient de l’effet absolument diabolique et destructeur de la pornographie dans notre société. Notre texte aujourd’hui nous a montré qu’on n’a pas attendu le 21ème siècle pour faire de la traite d’êtres humains destinés à la satisfaction des désirs de gens débridés – surtout des hommes. C’est exactement le business model de la pornographie. Et donc il faut être clair là-dessus : si l’histoire de cette femme dans notre texte ce matin vous a fendu le cœur, sachez que si vous regardez du porno, ou si vous lisez du porno, même occasionnellement, eh bien vous êtes complice des habitants de Guibea. Homme ou femme, arrêtez dès aujourd’hui et définitivement ; confessez ce péché à un frère ou une sœur proche de vous, du même sexe que vous, et faites-vous aider et entourer, pour gagner la victoire sur ce poison mortel pour votre âme, et pour votre corps, et pour vos relations, et ainsi commencer à cheminer vers la guérison.

Quatrièmement, arrêtons de faire semblant. L’inverse de l’arrogance spirituelle, c’est tout simplement l’authenticité. Tu es peut-être tourmenté par les désirs de ton cœur ? Moi aussi. On peut peut-être en parler, en toute confiance, solidairement, charitablement, par exemple dans le cadre d’un groupe de croissance. La solution à la noirceur de notre cœur, ce n’est pas de remettre une couche de glaçage religieux, mais c’est au contraire de râcler ce glaçage pour accueillir la lumière. Comme j’aimerais que notre Église soit une communauté de chrétiens où les gens qui ont le plus honte d’eux-mêmes puissent se sentir aimés et en sécurité – parce qu’ils sont entourés d’autres gens qui ont honte d’eux-mêmes. Et que tout ensemble, on supplie Jésus-Christ de nous venir en aide, chaque jour.

Enfin, dernièrement, il faut qu’on reçoive avec gratitude la règne de Jésus, justement. C’est lui, le roi qu’il n’y avait pas en Israël, mais dont Israël avait tant besoin. C’est lui seul qui est fiable, juste et parfaitement sage. Il saura nous gouverner pour notre bien. Il saura prendre le pouvoir sur notre cœur, et donner à notre cœur des inclinations nouvelles, des désirs nouveaux, et il saura nous transformer. Et il veut le faire par le moyen de sa Parole, par la puissance de son Esprit, agissant notamment par le moyen de son Église.

À tous ceux qui se sentent abattus et sales, qui ont conscience de leur indignité, mais qui s’attachent à Jésus par la foi – à tous ceux qui ont une peine infinie pour la concubine du Lévite, parce qu’elle les renvoie à leur vie toute méprisée et abîmée – eh bien Dieu dit, comme s’il parlait à son Épouse bien-aimée :

« Sois sans crainte, car tu ne seras pas honteuse ; ne sois pas confuse, car tu ne seras pas déshonorée ; mais tu oublieras la honte de ta jeunesse et tu ne te souviendras plus du déshonneur de ton veuvage. Car celui qui t’a faite est ton époux : l’Éternel des armées est son nom ; et ton rédempteur est le Saint d’Israël. Il se nomme Dieu de toute la terre ; car l’Éternel te rappelle comme une femme abandonnée dont l’esprit est affligé. » (És 54.4-6)

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